Rémi, qui a formé quelques-uns d'entre nous, dit que l’ouverture, c'est raconter une histoire, le mur est la page blanche et les prises les mots.
Et comme pour l’écriture d’une histoire, qui peut être :
- totalement libre, bien malin qui aurait tenté d’imposer quoique ce soit à Victor Hugo ;
- totalement contraint, un script de série doit composer avec les personnages existants, l’historique, etc
- toute variante entre les deux.
Parfois, on ouvre ce que l’on veut, où l’on veut. Souvent, c’est du style « il faudrait une facile dans le devers, et une dure dans la dalle ». Mais pour une compétition, c’est contrainte maximale.
Pour la Coupe de Nouvelle Aquitaine, il y a 7 catégories, femmes et hommes.
Chacun doit pouvoir tenter 9 voies de niveaux progressifs.
Comme il y a beaucoup de participants, des catégories vont se croiser sur le mur, il faut donc que leurs voies ne soient pas sur les mêmes relais.
Mathias, notre chef ouvreur, a préparé une projection complète des 14 circuits, de leur progression et des emplacements des voies. Ensuite, il a réparti le travail, qui pour un 5a U12 ici et qui d’autre pour un 7a+ U16 ailleurs, etc.
Clément, le second pro et Mathias se sont chargé du devers et de quelques 7 par-ci par là.
Les catégories d’âge :
En escalade, le U, veut dire « Under », soit « strictement inférieur à » et le nombre, l’âge à ne pas atteindre dans l’année calendaire correspondant à la saison en cours.
Pour l’année scolaire 2024-2025, la saison est 2025, un U12 ne devra pas avoir atteint 12 ans le 31 décembre 2025 à 23:59:59. Les catégories commencent à U8 et vont de 2 en 2 jusqu’à U20. Au-delà, les adultes sont répartis en sénior et vétérans (qui peuvent être divisés en vétéran 1 et 2).
Un U12 aura donc 10 ou 11 ans en 2025, il est donc né soit en 2014, soit en 2015.
Il faut donc ouvrir un circuit pour les U12, un pour les U14, sur ces 2 catégories, les filles et les garçons ont plus ou moins la même taille, à partir de U16, les garçons grandissent en moyenne plus que les filles, on a donc 2 circuits U16, 2 U18, 2 U20, 2 séniors et 2 vétérans.
Certaines voies sont utilisées sur plusieurs circuits, il faut donc (tenter de) veiller à ce que la voie ne soit pas trop morpho.
Un pas U12 peut devenir beaucoup plus simple pour un U18, car il n’aura même pas besoin de bouger pour attraper la prise suivante.
Ou inversement, ce pas peut devenir beaucoup plus difficile, la prise est petite dans une main d’ado et/ou le mouvement est engoncé.
Bref, en termes de contrainte, ouvrir pour une compétition, c’est le top.
Le choix des prises :
La couleur, c’est notre seule liberté, enfin début, parce que rapidement, il faut composer avec les voies adjacentes. Donc pour les premières voies, on se fait plaisir, sur les couleurs et les séries.
On rassemble au pied de la voie celles que l’on pense utiliser.
Puis, on prépare les vis.
Trop courte, la prise ne sera pas tenue
Trop longue, la partie lisse va buter sur le pas de vis de l’insert, et la prise ne sera pas serrée
La bonne taille, c’est 3 à 4 cm longueur utile avec moins d’1 cm de lisse.
Mais, au fait, c'est quoi un insert ?
Cette pièce de métal, clouée ou vissée de l’autre côté des panneaux de bois, fait office d’écrou.
On voit qu’ils sont moins épais que le panneau, et souvent, il y a une partie lisse avant l’entame de l’hélicoil pour servir de guide à la vis.
On charge ensuite les prises dans un sac ou un setter-bag.
Et comme le grigri (ou ici le birdie) porte la charge pour nous, on peut y mettre les outils, l’eau, etc..
Et pour monter tout ça, on peut s’aider d’une poulie
Et pour nous, c’est remontée sur corde
Le tramage :
C’est l’esquisse, le premier jet. On place les prises de mains et éventuellement les pieds, mais ça peut venir plus tard. On imagine les pas, on peut aussi les tester.
On peut commencer du bas et monter, en s’aidant éventuellement d’une échelle.
On peut aussi commencer d’en haut et descendre.
On peut même attaquer par le milieu
Ça dépend de l’inspiration.
Cette semaine, nous avons loué une nacelle pour la première fois.
Afin que nos 2 ouvreurs pros, puissent tramer rapidement les voies du devers.
Le calage :
À cette étape, on grimpe la voie, on ajuste les pas et on ajoute les pieds qui manquent.
Pour une ouverture libre, on cote la voie et voilà, c'est fini.
Mais pas pour une compétition...
L’homogénéité du circuit :
Pour une compétition, la cote et la progression du circuit sont imposés, donc il faut les ajuster aussi.
On doit donc, non pas caler une voie, mais un circuit complet. Les meilleurs grimpeurs testent les voies, proposent des modifications à l’ouvreur, qui généralement les applique.
Puis les pros repassent derrière, et modifient les modifications.
Des voies peuvent être inversées dans l’ordre du circuit, certaines sont durcies, d’autres simplifiées.
Il faut aussi, si possible, que les voies pas sélectives trop rapidement, les 2 à 3 premières dégaines doivent être "faciles" pour la cote.
Le contre-vissage :
Une fois validée, des vis à bois sont ajoutées sur les prises boulonnées qui peuvent tourner ou casser, et sur celles qui ne sont pas boulonnées.
Et c’est ainsi qu’en quelques jours :
Le topo est à jour sur oblyk. Il est indiqué quand une voie a été ouverte pour les U12, les U14 ou les U16.
L'ouvreur cité est celui qui a tramé, mais l'œuvre est bien collective.
Merci à Mathias, Clément, Vincent, et à tous les bénévoles qui se sont relayés toute la semaine pour ouvrir 55 voies.